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dire, et, dans ce drame de vie ou de mort, on fait des vœux passionnés pour le triomphe de la vie. Non, il n’est pas de tragédie écrite qui égale, en intensité d’émotion, cette tragédie sans paroles.

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Puisque j’ai dû au docteur Eugène Doyen quelques-unes de mes émotions les plus rares — émotions artistiques, car le bon sorcier était beau à voir ; il respirait la force et la joie dans sa fonction salutaire et sanglante, et je sentais le « drame » conduit par une main délicate et forte, et cette main elle-même dirigée par une intelligence audacieuse et inventive ; — puisque, d’autre part, ce poète du scalpel m’apparaît comme un des hommes les plus évidemment prédestinés à diminuer parmi nous la somme du mal physique, pourquoi ne vous le dirais-je pas ?

Donc je vous le dis, — bien moins pour sa gloire que par amour des malades, des infirmes, de tous les malheureux que ronge un ulcère, qu’une tumeur dévore ou qu’une difformité humilie.