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hystérectomie, employé jusqu’à quarante et cinquante pinces ; et l’opération durait trois ou quatre heures.

Or, l’abus de l’hémostase préventive n’empêche pas toujours l’hémorragie immédiate ou secondaire, et aggrave sûrement les opérations en les prolongeant. Le meilleur moyen de ne pas perdre de sang est d’opérer vite et de ne pincer ou lier que les artères et les veines de gros calibre. Deux, trois, quatre pinces y suffisent. « Le temps, pour l’opéré, c’est la vie. » Simplification de la technique opératoire, suppression de toutes les manœuvres inutiles, ablation rapide et, autant que possible, sans morcellement, puis sutures minutieuses et aussi lentes qu’on voudra ; hardiesse à « tailler », soin extrême à « recoudre » : voilà la vérité.

La conséquence, c’est que, pour exceller dans la première partie de ce programme, le chirurgien doit avoir, avec une connaissance toujours présente de tout le corps humain, un sang-froid inaltérable, un regard lucide et sûr, une main délicate et intelligente, et comme des yeux au bout des doigts, une initiative toujours prête, la puissance d’inventer ou de modifier, à mesure, les procédés de son art, une faculté divinatoire, bref un « don », aussi rare peut-être, aussi instinctif et incommunicable que celui du grand poète ou du grand capitaine. On naît chirurgien, comme on naît poète ou rôtisseur.

« L’art de la chirurgie est personnel.