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d’être riche, de mener une vie élégante et de mépriser au fond le peuple, tout en l’aimant peut-être comme on aime l’instrument de sa réputation et de sa fortune. Et cette tolérance est charmante et fort habile.

(À la vérité, ce n’est point par une nécessaire liaison d’idées, mais par une rencontre accidentelle, que nous voyons les doctrines révolutionnaires associées chez nous au matérialisme le plus franc et le plus cru : car celui-ci pourrait aussi bien, et même mieux, avoir pour conclusion, en politique, la monarchie absolue ; et c’était, notamment, l’avis de l’Anglais Hobbes. Non, il n’y a aucune raison, en bonne logique, pour que l’État socialiste ou collectiviste sorte de la conception matérialiste du monde : il n’en peut être déduit que par l’optimisme le plus naïf — ou le plus avisé. Si, partis de principes « philosophiques » sensiblement analogues, la Grande Catherine ou Frédéric II conclut à la monarchie absolue, et nos collectivistes à la nécessité d’un « chambardement général », c’est peut-être que la différence des conditions sociales et des intérêts entraîne ici la différence des applications.)

Quoi qu’il en soit, meneurs et menés se passent, provisoirement, presque tout. Et voici un quatrième ou cinquième avantage de la profession de chef révolutionnaire. Le parti n’étant encore qu’une