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rencontré Mérimée : « Cette fois, c’est pour la vie, car je sens que celui-là est vraiment mon maître ». Et, huit jours après, c’était fini, parce que Mérimée la « blaguait » et qu’il lui demandait des choses !… Elle écrit : « Je n’aimerai donc plus », et, deux mois plus tard, elle était folle de Musset, chérubin alcoolique et génial. Elle écrit : « L’amour me fait peur » et, dans la même année, elle aime Sandeau, Mérimée, Musset et Pagello, tout en demeurant persuadée de la froideur de son tempérament. Entre temps, elle se montre pleine de respect pour le petit travail de séduction entrepris par Sainte-Beuve auprès de Mme Hugo. Et avec cela elle est bonne, mais bonne ! C’est charmant.

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Vous trouverez, vous, que c’est horrible, et vous répéterez avec tous nos austères chroniqueurs : « Mais à quoi bon ces révélations ? Ne ressemblent-elles pas à une violation de sépulture et à une trahison ? » — J’avoue ne point partager ce scrupule. Les morts n’ont de pudeur que celle que nous leur prêtons pour donner bonne opinion de notre délicatesse. Il leur est fort égal, et pour cause, qu’on divulgue même leurs crimes. Mais il n’est question ici que de péchés. Et puis, au fond, les morts n’ont pas de secrets et n’en sauraient avoir. Quoi qu’on nous apprenne d’eux, il n’y a pas de quoi nous étonner, puisqu’ils furent des hommes et des femmes,