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se passèrent avant qu’il pût remonter sur les planches. »

Chute symbolique. Toute sa vie Valmore dégringola de son nuage. Mais il se cramponnait. Comme l’illustre Delobelle, il « ne renonçait pas. » Valmore, m’a dit M. Sardou sur le témoignage de gens qui l’avaient vu jouer, était un fort médiocre comédien. Je lis dans une lettre de Marceline : « Valmore a rêvé de solliciter l’Odéon… Ce serait comme administrateur qu’il voudrait ce théâtre, et je t’avoue que j’aimerais mieux présentement pour lui cette carrière que celle d’acteur, car son genre est perdu en province. » Cela signifie qu’il paraissait « vieux jeu », — en province ! et en 1836 ! L’infortuné passait son temps à déclarer, tantôt qu’il n’accepterait de place qu’au Théâtre-Français, et dans les premiers emplois, — tantôt qu’il ne s’abaisserait pas à y rentrer, dût-on l’en prier à genoux. Et cependant il cabotinait où il pouvait pour gagner son pain, à Lyon, à Bordeaux, à Bruxelles…

Et chaque année, pendant trente ans, au temps des vacances, sa femme vient à Paris pour lui chercher un engagement qu’elle n’obtient jamais. Mais rien n’entame sa foi dans son cher artiste. Fidèlement, naïvement, elle entre dans ses illusions, dans ses rancunes, dans ses colères, dans ses gestes drapés, dans ses faux dédains. De dix pages en dix pages on croit entendre les phrases de la douce Mme Delobelle ou de Désirée : Monsieur Delobelle ne