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de toutes les choses nécessaires à la vie ; le Parisien accablé de maux, dépossédé de Paris, outlaw dans sa propre ville envahie par les barbares…

Le dehors te fait peur : si tu voyais dedans !

dit Ruy Blas à don César de Bazan. — Les ennuis matériels de cette fâcheuse Exposition, j’en prendrais encore mon parti. Le dommage moral est pire.

Au fond — en dépit des galeries consacrées à l’industrie, à l’agriculture, à l’instruction publique, et des vitrines à étiquettes où personne ne s’est jamais arrêté — une Exposition n’est qu’une énorme kermesse. Deux « styles » : celui des gares, et surtout celui des pièces de pâtisseries montées. Le décor est un décor de casino, d’éden, d’alcazar, de bastringue, de mauvais lieu. Les architectures même, par ce qu’elles ont de criard, de canaille et d’éphémère, conseillent le plaisir brutal, rapide et sans lendemain. Perdu dans cette cohue en liesse, on se sent affranchi des prudences gênantes. Chacun s’accorde les licences du voyageur qui, loin de chez lui, se débride incognito. Une Exposition (et l’Exposition, ce sera tout Paris, de la Porte Saint-Martin au Bois de Boulogne) est essentiellement un endroit où les étrangers et les provinciaux viennent tirer des bordées.

1889 nous a légué toutes les variétés de la danse du ventre, qui est une excitation immédiate à la débauche. De cette danse dérivent les levers, cou-