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au Dieu qu’on aime ; on lui pardonne même les choix dont on est exclu ; on le déclare juste et bon, quoi qu’il fasse. C’est le croyant qui crée, par son amour, la justice de son Dieu. On l’aimerait moins s’il était parfaitement et évidemment équitable, car on aurait moins à lui sacrifier. Bernadette le savait bien, elle qui, ayant procuré tant de guérisons, ne fut point guérie, et mourut, à trente ans, d’une nécrose, et fut heureuse d’en mourir…

Et voilà des sentiments qui font furieusement honneur aux hommes.

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Ce livre est infiniment doux. Il nous fait sentir ce que le rêve du surnaturel ajoute d’adorable aux âmes naturellement bonnes. Il contient l’âme vraie de Bernadette, et il interprète Lourdes avec une bienveillance qui écarte les grossièretés fâcheuses du spectacle extérieur.

Que va être le roman de M. Zola ?

Ah ! que je crains l’étude médicale du cas de Bernadette Soubirous, et la description du Lourdes commercial, des hôtels et des boutiques, et les plaies, et le grouillement des stropiats autour de la grotte, et les odeurs des trains de pèlerins, et les pelures de saucisson !…

Mais, après tout, cela aussi pourra être beau ; et, enfin, nous verrons bien.