Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le plus ignorant sentit peut-être que l’ancien régime n’est pas tout entier dans la Saint-Barthélemy ou dans les Dragonnades, pas plus que la Révolution n’est tout entière dans la Terreur. On n’était pas fâché de montrer à cet empereur, de bonne famille sans doute, qu’on n’était pas non plus sans papiers et qu’on avait même des ancêtres assez reluisants.

Et je voudrais que, de ce contentement si naturel et si légitime, il restât à la République un sourire, une douceur, le désir de juger toujours dans un esprit équitable ce passé qui, en cette occasion, lui fut si avantageux ; qu’elle acquît par là l’utile notion de la lenteur nécessaire des transformations politiques et sociales, et qu’alors, sans rien perdre de sa générosité et sans rien répudier de ses rêves, elle se défiât un peu plus de ses ignorances, de ses impatiences, de ses intolérances, et se gardât aussi de quelques-uns de ses conducteurs.

Ce ne serait pas le moindre bienfait de la visite du Czar que d’avoir réconcilié Marianne avec l’histoire de France.


(1897)


__________