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différents. Ses honnêtes duretés contre cette noblesse décadente dont il s’est fait spécialement le peintre impliquent, avec un sens très juste du rôle historique de la noblesse, une irréductible sympathie et un rien de préjugé. « Si l’on pèche plus dans cette société-là, fait-il dire à un abbé, on rachète aussi davantage. Vices et vertus, quand on dépense, c’est à pleines mains et par la fenêtre, à la gentilhomme. » Et en avant les zouaves de Charette et « les duchesses qui montent dans les mansardes ». Les gentilshommes ni ne meurent ni ne font la fête comme ceux qui ne sont pas « nés ». Au mot du prince d’Aurec : « Il y a la manière », répond le mot de Mme Blandain : « Vous vous croyez des Grammont-Caderousse ». Joignez un goût d’artiste, et de Français du pays de Loire (vera et mera Gallia), et peut-être d’historien pour les vieilles choses jolies et fanées — croyances et meubles, mœurs et bibelots, pensées et fanfreluches — de cet ancien régime où nos origines plongent, qui est à nous tous et par où nous sommes tous « nobles » (Sire).

Au travers de tout cela, un sentiment chrétien très persistant, aux rappels inattendus (« la petite épouse chrétienne » de Viveurs, l’acte d’amère contrition de Mme Blandain). Derrière Paris, ou dans Paris même, Lavedan nous montre la province, c’est-à-dire, derrière ceux qui s’agitent dans le vide du présent, ceux qui vivent de la foi du passé. Il aime, il peint avec une émotion vraie et un charme rare les vieux