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ALFRED DE VIGNY OU L’ORGUEIL SAUVEUR.

Non, il ne faut pas regretter ces publications, de plus en plus fréquentes, de la correspondance intime des écrivains illustres. L’immortalité de ces morts demeurerait, sans cela, quelque peu léthargique, car nous n’avons pas le loisir de relire leurs oeuvres tous les matins. Si d’ailleurs ces lettres divulguées nous révèlent en eux des faiblesses et des erreurs que nous ne connaissions pas, et dont nous les savions seulement capables puisqu’ils furent des hommes, le mal n’est pas grand. Mais ils gagnent aussi quelquefois à nous être dévoilés tout entiers ; et c’est singulièrement le cas pour Alfred de Vigny, comme vous le verrez par les Lettres que vient de publier la Revue des Deux Mondes.

Les jeunes gens en seront heureux, s’il est vrai que, parmi les poètes de la première génération dite « romantique », c’est lui qui les satisfait le plus. Cinq ou six fois du moins, Vigny a su inventer, pour les idées les plus profondes et les plus tristes,