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vit de fèves et de pain bis… Le poète façonne la bouche tendre et balbutiante des enfants ; il défend leur oreille contre les propos grossiers ; il forme leur cœur par de belles maximes ; il leur enseigne l’humanité et la douceur… Il console le pauvre et celui qui souffre. Et c’est lui qui apprend aux jeunes gens et aux jeunes filles de belles prières. »

Serait-ce par hasard Chaulieu ou Désaugiers que vous rappellent ces passages, pris entre cent d’égale qualité, et dont j’ai affaibli, bien malgré moi, la beauté solide ?

La malechance d’Horace, c’est d’avoir été, pour quelques chansons bachiques et quelques développements de philosophie bourgeoise, accaparé par les chansonniers et par les vieux messieurs des académies provinciales de jadis. Grâce à quoi, on l’a enfin pris lui-même tantôt pour un membre du Caveau et tantôt pour un vieux monsieur dans le genre du regretté Camille Doucet. Or cela est absurde, et jamais on ne vit maître plus différent des disciples qu’il eut à subir.

Car, d’abord, rien n’est moins « artiste » qu’un membre de la Lice chansonnière : et il se pourrait qu’Horace fût, dans ses vers lyriques, le plus purement artiste des poètes latins. Ses Odes sont, à la vérité, des odelettes parnassiennes. Savantes et serrées, d’une extrême beauté pittoresque et plastique, elles n’ont pas grand’chose de commun, à coup sûr, avec les chansons de Béranger. Et les vers