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gands arrivent à s’organiser, à assurer à tous leurs membres une vie supportable ? Nous avons des siècles devant nous. L’humanité pourra s’accorder dans la résignation même à l’ignorance métaphysique, et dans le sentiment que votre solution, à vous, est impossible. Seulement, nous profiterons de vos indications : nous serons moins dupes de la « Déclaration des droits de l’homme » ; nous concevrons mieux que c’est sur les cœurs qu’il faut agir et que l’apparente justice géométrique des lois n’est rien si le désir de la justice et si la charité ne sont point en nous.

Les hommes ont horriblement souffert et ont été horriblement méchants, quoi que vous disiez, même dans le temps où votre chimère d’une foi unique était le plus près d’être une réalité. Alors ? Pourquoi n’essayerions-nous pas d’autre chose ? Vous seul êtes logique, c’est entendu : mais, par exemple, pourquoi avez-vous raillé si durement ces chrétiens qui, tout en partageant l’essentiel de vos croyances, en ont accommodé une partie à l’œuvre purement humaine, toujours défaite et toujours recommençante, de construction sociale qui se poursuivait autour d’eux ? On dirait que vous ne voulez nous laisser le choix qu’entre le catholicisme universel (vous savez bien que ces deux mots ne forment pas, hélas ! un pléonasme) — et l’anarchie, le « il n’y a rien ». N’est-ce pas un peu imprudent ?

Mais aussi que cela est rare et fier ! Et que vous