Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

deux, et que c’est par là qu’il est grand et qu’il est doux. Vous serez surpris de certaines réflexions des deux fiancés : « Je vais donc me marier, se dit Marianne. Voilà mon sort fixé, je ne serai pas religieuse. Que la volonté de Dieu soit faite ! » Selon Silvestre, « le renoncement au monde ne devait guère, en quelque façon, être moins absolu pour l’épouse chrétienne que pour la religieuse. » D’autres remarques vont loin :

… On eût étonné Marianne en lui disant que l’instinct qui souffrait en elle n’était autre que la fierté. Elle ne se trouvait pas entièrement libre en cette rencontre. Mais rien ne l’avait amenée à réfléchir sur les préjudices que l’organisation présente de la société apporte aux privilèges de l’âme, et, par un autre instinct plus parfait dans son cœur et plus connu, elle se soumit humblement à ce qu’elle regardait comme la condition nécessaire de la femme, qui lui ôte le droit de choisir et ne lui laisse que tout juste celui de refuser.

Cette histoire est, quant au fond, précisément le contraire des romans de la bonne Sand. Et cela reste suave, d’une onction mêlée de beaucoup d’esprit qui ne se cherche pas, d’observation exacte, même de pittoresque. Nulle trace de fadeur dans ces fiançailles si austères et si blanches.

C’est que Louis Veuillot est poète éminemment. Une bonne moitié du Parfum et de Çà et là en témoigne. Lisez, dans Çà et là, les chapitres intitulés Dans la montagne, la Plage, et la Campagne, la Musique et la Mer. Il était très sensible à la musique, très amoureux de Mozart et de Beethowen. Sa pente