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suis allé jusqu’au bout. Daniel (Stern) ne me mènerait pas si loin.

Et, après avoir conté l’histoire de la courtisane Afra, qui devint chrétienne et fut martyre :

Mets de côté ta passion, tes systèmes et tes livres, ô George. J’en appelle à cette meilleure part de toi-même, qui t’élève quelquefois au-dessus de tant de misères, j’en appelle à ton génie, qui t’a permis souvent de voir, de sentir et d’admirer ce qui est grand, et beau, et pur. Que dis-tu de cette courtisane ? Ne trouves-tu pas, comme moi, qu’elle vaut bien ton Isidora, et que la foi chrétienne s’entend à relever les âmes encore mieux qu’Helvétius et Rousseau ?

Et ailleurs, et à diverses reprises, il déclare carrément : « Mme Sand est un grand écrivain. »

De même, personne n’a sans doute, à l’occasion, déchiqueté Victor Hugo avec plus de férocité. Mais, à considérer l’ensemble de ses appréciations, il lui rend justice. N’est-ce pas Veuillot qui a dit que la Chanson des Rues et des Bois est « le plus bel animal de la langue française » ? Il a parlé dignement, et des Contemplations, et de la première partie des Misérables. Et un jour, en 1870, s’étant remis à feuilleter l’œuvre de l’énorme poète, il écrit magnifiquement :

M. Hugo a été « l’homme moderne » plus qu’aucun autre contemporain. Entre ceux qui n’ont qu’un cerveau et ceux qui n’ont que des sens… il est l’homme vrai… On ne trouve point cela chez Lamartine, qui est un orgue ; ni chez Musset, qui est un oiseau… M. Hugo est plein de feu, de