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sympathie, ou même du respect. — Mais il eut en même temps des « faiblesses » charmantes. Une de celles dont je suis le plus touché, c’est son amour pour la littérature. Il écrit un jour à sa sœur : « Tout pour Pierre (le pape), rien pour Pétronille (la littérature). Seigneur ! vous savez si j’ai aimé cette femme-là. »

Oh ! oui, il l’a aimée, — avec crainte, avec remords ; car il savait bien qu’aux yeux d’un chrétien elle ne doit être qu’un instrument : mais, tremblant toujours de l’aimer pour elle-même, il l’adorait avec d’autant plus de passion. Il lui arrivait à chaque instant d’être séduit comme artiste par ce qu’il était tenu de réprouver comme chrétien ; et de là de réelles angoisses.

Son goût, lorsqu’il reste spontané, est à la fois très large et très pur. Il a eu cette chance que, n’ayant point fait d’études régulières, il a pu aborder les classiques d’une âme libre et neuve et, par suite, les sentir du premier coup. Et, comme un grand nombre d’entre eux sont plus ou moins pénétrés d’esprit chrétien, il ne fut pas trop gêné ensuite par ses croyances dans les jugements qu’il porte sur eux. Le chapitre de critique, ensemble chrétienne et impressionniste, qui termine Çà et là, est excellent et original. Veuillot nous y fait l’histoire de ses lectures. On y voit en plein ses préférences instinctives. Il aime Corneille, et surtout le Cid, Racine, et surtout Phèdre. Plus tard, les tragédies de Racine le