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deur de ses affections familiales, et son immense labeur, et son courage allègre à le porter. Vous penserez que celui-là fut un vaillant et un tendre. Et vous connaîtrez quelle forte vie intérieure eut ce grand homme d’action ; vous verrez comment il porta la douleur (il perdit en quelques années sa femme et trois filles, et une des deux autres se fit religieuse), et vous jugerez comme moi que les lettres qu’il écrit sur ses filles mortes et à sa fille cloîtrée sont de purs diamants de spiritualité, atteignent au sublime du sentiment religieux et sont assurément parmi les plus incontestables chefs-d’œuvre de la prose chrétienne, — et de la prose sans épithète. J’ose dire qu’aux heures douloureuses il y eut, chez Louis Veuillot, de la « sainteté ».


IX

Il y eut aussi de l’« humanité », et largement. Prenez à la fois le mot dans le meilleur sens, et dans l’autre. Il faut pourtant bien que je finisse par avouer, — au moins une fois, — que, dans l’échauffement de la lutte, Veuillot eut des violences, des injustices, et des erreurs à demi volontaires sur la qualité morale des personnes contre qui il combattait. Plus d’une fois il m’a désolé par la façon dont il traite des gens pour qui j’ai de l’indulgence, de la