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nance » de la bonté divine. Il prendrait enfin son parti, sans trop le dire, — comme fait le Souverain Pontife tout le premier, — de la destruction du pouvoir temporel, qu’il sentirait voulue de Dieu. Il comprendrait que cette destruction et l’affaiblissement de ses liens avec le gouvernement politique des peuples est moins pour l’Église une perte qu’un allègement ; que le catholicisme reprend ainsi son vrai caractère, et que l’annonce de l’éternelle « bonne nouvelle » en peut devenir plus libre et plus efficace. Il n’aurait pas de peine à conformer son apostolat à ce nouvel état de choses ; et, en s’inquiétant avec une charité grandissante de l’âme des petits et des ignorants, il n’aurait pas à changer son attitude…

Voilà bien des raisons pour l’aimer. Mais, si vous lisez sa Correspondance, vous ne vous en défendrez plus du tout. Vos préjugés contre l’homme, si vous en avez, tomberont. Cette correspondance me paraît être, avec celle de Voltaire, — pour des raisons combien différentes ! — la plus extraordinaire qu’ait laissée un homme de lettres[1]. Là, vous le connaîtrez tel qu’il est, et tout entier. Vous serez étonné de la prodigieuse activité de ce cerveau et de la parfaite bonté de cette âme. Vous y goûterez autre chose qu’un plaisir d’amusement, car l’homme, le chrétien

  1. Il n’en a paru encore que sept volumes, in-8{o} il est vrai, et chacun de 500 ou 600 pages.