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la solution pacifique et graduelle de la « question sociale ». Oui, je suis persuadé que ce serait le salut… Seulement nous y tournons le dos. Un trop grand nombre d’entre nous ont le virus jacobin dans les moelles. Et il n’est pas bien sûr que Dieu ait fait « les nations guérissables ».

Êtes-vous curieux de connaître l’article de cette constitution qui concerne l’Église catholique ? Veuillot lui accorde « toutes les latitudes du droit commun », le droit de posséder, d’acquérir, d’hériter ; l’usage de son droit particulier, de ses tribunaux intérieurs, la liberté de la charité, la liberté d’enseignement à tous les degrés ; le droit de fonder des universités canoniques, une au moins par province. Il admet, il désire la séparation de l’Église et de l’État. « Les propriétés de l’Église sont soumises aux charges communes, et elle devra, dans un temps et moyennant les dispositions transitoires nécessaires, subvenir aux dépenses du culte. »

En somme, il réclame pour l’Église « toute la liberté ». Pensait-il que l’Église est aujourd’hui encore une si grande puissance morale que lui assurer toute la liberté c’est presque lui assurer la domination ? Peut-être ; et c’est pour cela précisément qu’il n’a jamais souhaité, même en rêve, ni gouvernement théocratique, ni religion d’État (il est très net sur ce point), rien ne devant être plus fort que l’Église libre sous la loi commune. Toutefois, certains articles de son projet impliquent que l’État a le devoir de recon-