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La vérité est une, et c’est pur sophisme de distinguer l’esprit qui convient aux prêtres et celui qui convient aux simples fidèles. On parle des droits de l’État, et de les défendre contre l’Église, comme si l’Église n’était pas seule compétente pour définir et fixer tous les droits, y compris ceux de l’État. Un doctrinaire, un catholique libéral, un gallican, est un homme qui, renversant l’ordre des choses, remet à l’État le soin de définir les droits de l’Église. Écoutez Veuillot qualifier l’attitude du duc de Broglie en 1840, dans un des épisodes de la lutte entre l’Église et l’Université : « Il n’y a rien de plus remarquable, dans le rapport de M. de Broglie, que son dédain fastueux pour les réclamations de nos évêques. Malgré l’impartialité qu’il étale, le noble pair n’a pu prendre sur lui de déguiser cette passion qu’il éprouve au même degré que nos ministres en exercice, cette passion gouvernementale et doctrinaire qui ne veut pas que les évêques s’occupent des affaires de l’Église et s’en occupent publiquement d’une autre façon que le pouvoir ne le désire. » Et, trente ans plus tard (car, là-dessus, Veuillot n’a jamais varié) : « Nous n’ignorons pas que, selon la doctrine catholique libérale, la politique est une chose et la religion en est une autre, et que tout homme a le droit de faire ou l’une ou l’autre de ces deux choses, ou de faire l’une et l’autre à part, et même contradictoirement, mais n’a jamais le droit de les confondre. Nous disons, nous, qu’aucun des hommes qui