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linge et garde des principes : mais Vindex a vraiment, dans ce pamphlet, des airs du Satan de Milton ; et il est certain qu’il y avait en Veuillot un je ne sais quoi de caché, de secret, de dompté et d’étouffé par la foi, mais qui, sous couleur de fiction littéraire, s’épanche, gronde et rugit avec une sinistre allégresse dans les propos sauvages de l’esclave romain. À coup sûr, Veuillot préfère encore Vindex à Spartacus, et Barrabas à Barras. « Je ne me pique d’aucune vertu, fait-il dire à Vindex, et c’en est une au moins que j’ai de plus que toi. » Ce que Veuillot a fait là, c’est la psychologie vivante du nihiliste. Et ce qu’il a exprimé, on ne peut s’empêcher de croire qu’il le découvrait en lui-même, en y descendant jusqu’au fond. J’ajoute tout de suite qu’en y descendant plus loin encore et jusqu’au tréfonds, il y trouvait la foi au Christ et l’amour de la Croix. C’est égal, j’en reviens à mon dire : quel bel insurgé eût été cet homme, s’il n’eût été chrétien !


VII

Il l’était, et si parfaitement, que ses adversaires les plus assidus furent d’autres chrétiens, et qu’il reste plus illustre peut-être pour avoir lutté contre le catholicisme libéral que pour avoir « tombé », durant quarante ans, la Révolution et le rationalisme. Car les querelles de famille sont les plus âpres, et,