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cette dureté de logique, qui eût pu faire tout aussi bien de lui, certaines circonstances étant données, un sectaire du socialisme ou de l’anarchie, et qui, en tout cas, ne lui permettait pas de s’en tenir à aucune de ces opinions qu’on appelle « modérées » et qui sont comme de faux ménages (souvent commodes) d’idées et de sentiments contradictoires.

Il n’a, comme vous pensez bien, que mépris pour le parlementarisme, chose bourgeoise en effet, et il en démontre avec une force extrême la vanité, les injustices et la stérilité. Sur la sottise et le ridicule des bourgeois « dirigeants », des censitaires, il éclate intarissablement en moqueries étincelantes, et, sur leurs vices et leur malfaisance, en flamboyantes imprécations. Sur la presse impie et libertine, grave ou plaisante, — chose bourgeoise encore, — sur notre littérature romanesque, sur nos arts, sur nos divertissements, et sur ceux qui en vivent, il a tout dit. Il a des galeries de portraits qui sont du La Bruyère au vitriol. Sauf erreur, les Libres Penseurs et les Odeurs de Paris restent nos plus beaux livres de satire sociale. Cela est plein de génie. On pourrait aisément extraire de l’œuvre de Veuillot plusieurs volumes de prose insurgée, que ne renieraient point les adversaires les plus enragés de la « société capitaliste ». J’en avertis ici le directeur du « supplément littéraire » des Temps nouveaux.

Il est vrai que, de ces morceaux choisis, il faudrait souvent retrancher les réflexions préliminaires