Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

On sait avec quelle vigueur, quel courage et quelle persévérance, quel emportement et quel éclat il l’a soutenu. La belle campagne ! Pendant plus de quarante ans, presque chaque jour, il tient tête à ses ennemis, c’est-à-dire aux ennemis du catholicisme et, pareillement, à ceux qui n’étaient pas catholiques de la même façon que lui ; bref, il tient tête à tout le monde, ou à peu près, successivement.

Son premier adversaire, c’est, bien entendu, la classe qui s’est épanouie après la Révolution et l’Empire, la bourgeoisie rationaliste et libre penseuse ; la bourgeoisie riche, égoïste, jouisseuse, dure aux pauvres, qui a flatté le peuple pour conquérir le pouvoir, mais qui n’aime pas le peuple ; qui l’a abaissé et dépravé en lui volant Dieu, mais contre qui le peuple, inévitablement, se retournera un jour.

Nul n’a été plus dur pour l’esprit de la Révolution que ce fils de tonnelier, d’âme si évidemment démocratique. C’est qu’en effet l’idéal de la Révolution est la constitution de la société en dehors de la croyance à tout surnaturel, et même de la croyance en Dieu. Veuillot y découvre et y déteste l’œuvre finale de l’incrédulité furieuse du XVIIIe siècle, œuvre de l’orgueil et de l’envie, et aussi de ce pédantisme philosophique, ignorant des vraies conditions de la réalité humaine, que Taine appellera l’esprit classique. Et l’on a l’étonnement de voir Louis Veuillot, en plus d’une page, se rencontrer sur ce point, — et