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La théorie des Indulgences, mystère qui implique tous les autres mystères chrétiens, serait, — sans l’éternel enfer, — celle d’une sorte d’universel socialisme moral. Et c’est ce qui enchante l’âme grande, affectueuse et « populaire » de Louis Veuillot. Pour lui, la religion est bien essentiellement, selon l’étymologie, un lien, — lien des hommes entre eux, et des hommes avec Dieu. Souvenons-nous qu’il a été un des premiers à dénoncer l’individualisme :

… Quand nous disons que la France a besoin de religion, nous disons absolument la même chose que ceux qui disent qu’elle a besoin de concorde, d’union, de patriotisme, de confiance, de moralité, etc. Il n’est pas difficile de comprendre qu’un pays où règne l’individualisme n’est plus dans les conditions normales de la société, puisque la société est l’union des esprits et des intérêts, et que l’individualisme est la division poussée à l’infini… Tous pour chacun, chacun pour tous, voilà la société. Chacun pour soi, et par conséquent chacun contre tous, voilà l’individualisme…

Edmond Schérer et d’autres ont dédaigneusement reproché à Louis Veuillot de manquer de philosophie, de n’être point un « penseur ». Il est vrai qu’il s’était retranché, une fois pour toutes, les libres spéculations sur l’origine du monde, sur le libre arbitre, sur la matière et l’esprit, sur la destinée des hommes ou même simplement sur l’histoire ; et j’ai confessé, tout à l’heure, qu’il n’avait pas le cerveau proprement philosophique. Mais enfin, être