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chronismes. Le jacobinisme en est un ; l’anticléricalisme en est un autre. Nous continuons à être divisés parce que nos pères le furent jadis ; et cela, quand tout est changé, quand les causes historiques de ces divisions ont disparu. Et le triste de l’affaire, c’est qu’on est beaucoup plus intolérant pour défendre les opinions que l’on a héritées ou que l’on accepte comme le mot d’ordre d’un parti que pour soutenir celles qu’on a essayé de se faire tout seul : car alors on sait par expérience ce qui s’y mêle d’incertitude…

Ah ! messieurs, je vous en prie, affranchissez-vous du passé, — non point de ce qu’il y a, dans le passé, de beau, de glorieux, de pur et d’exemplaire pour tous — mais des formes surannées qu’y ont prises les querelles de nos pères et de nos aïeux. Vous êtes pour cela dans des conditions excellentes : vous êtes tous nés sous la République. La forme du gouvernement n’est plus guère contestée ; un pape intelligent a interdit qu’elle le fût des catholiques eux-mêmes. Le temps est venu où les questions politiques ne doivent plus être que des questions françaises ou des questions sociales.

Ici encore, attachons nous à ce qui nous réunit, songeons-y le plus possible, et tenons-nous-en compte les uns aux autres. Si l’on diffère sur les moyens, il n’est pas si difficile de s’accorder sur le but. Je ne vois personne qui réclame publiquement l’esclavage, l’inquisition, l’abrutissement du peuple, ni l’oppres-