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des jeunes gens a peut-être bien élargi et attendri en nous le vieil esprit positiviste hérité de la littérature du second Empire et qui eut, voilà quinze ans, son expression suprême dans le naturalisme. Perdons l’habitude de considérer comme stupide et comme ennemi quiconque n’entend pas et ne ressent pas le beau tout à fait comme nous, ce beau que, depuis vingt-quatre siècles, les philosophes ne sont pas parvenus à définir proprement. Élargissons nos fronts, comme Renan voulait élargir celui de Pallas-Athéné, pour qu’elle conçût divers genres de beauté. Cherchons ce qui nous rassemble. Si nous ne pouvons communier dans les vers et les proses des Revues blanches ou rouges, communions dans Hugo ou dans Racine, ou dans Shakespeare, ou dans Homère, ou dans Valmiki.

Et, si Valmiki n’est pas encore un bon terrain de conciliation, si nous ne pouvons décidément pas communier dans le même beau, communions dans le même amour de la beauté, dans les plaisirs que cet amour donne et dans les vertus qu’il inspire.

La tolérance serait aussi le salut en politique. Elle est la grâce des intelligences vraiment libres. Notez que souvent — outre des sentiments très bas — il y a, dans le fanatisme politique, une sorte d’archaïsme inconscient. Presque toujours l’intolérance est un legs du passé ; elle s’exerce en vertu d’opinions qu’on a reçues et qu’on oublie de contrôler. Beaucoup de ces opinions sont de purs ana-