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çon d’un curé de campagne. Il parle sans embarras de ses pratiques religieuses, d’une messe qu’il a entendue, d’un chapelet qu’il a récité, d’une communion qu’il a faite. Le maigre du vendredi joue un rôle important dans ses petits récits d’édification. Sa foi, si souvent sublime de penser et de propos, est, dans le détail journalier, humble et populaire. Et ne croyez pas qu’il outre à plaisir, et par une sorte de défi aux esprits superbes, l’humilité et la simplicité du cœur : on reconnaît, lorsqu’on l’a pratiqué un peu, qu’il est naturellement ainsi.

Or il est bien évident, d’abord, que, parmi les illustres catholiques laïques de ce siècle, les Montalembert, les Falloux, les Ozanam, aucun n’a cet accent ; que ce sont gens bien élevés, dont les discours pieux sentent leur homme du monde et se distinguent toujours de ceux d’un desservant de village, d’un sacristain ou d’une Petite Soeur. Mais cette bonhomie dévote, ces façons candides de frère lai, ce ton de piété plébéienne, je ne pense même pas que vous les surpreniez jamais chez les prêtres célèbres qui furent les contemporains de Veuillot, chez les Lacordaire, les Ravignan, les Dupanloup, ces aristocrates de la foi.

Veuillot, lui, est bien peuple. Les catholiques considérables que je nommais tout à l’heure, clercs ou laïques, appartenaient par leur naissance à la noblesse ou à la bourgeoisie. Certes ils croyaient que le catholicisme est le salut de la société humaine et, par