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suivant le beau mot d’Auguste Comte, l’humanité est composée de plus de morts que de vivants. C’est toutefois en m’en tenant aux vivants que je voudrais, après votre éminent professeur d’histoire, vous prêcher le sentiment, l’acceptation et, s’il se pouvait, l’amour de la solidarité humaine.

Croyez bien que c’est une affaire qui ne va pas toute seule… Oui, sans doute, vous êtes aujourd’hui dans les meilleures conditions pour vous laisser persuader. Les liens nécessaires ou consentis qui vous unissent à vos camarades et à vos maîtres, vous ne les connaissez guère que par leur douceur, vous ne luttez que pour des palmes innocentes, vous n’avez pas à gagner votre pain les uns contre les autres ; vous avez, tout naturellement, des idées, des intérêts, des plaisirs communs. Je suis sûr que vous êtes contents d’être des « Charlemagne », que cela signifie pour vous quelque chose. Et comme j’en suis un, moi aussi, je me sens, par là, très agréablement relié à vous. Je retrouve ici, parmi vos professeurs, de vieux et chers camarades, et je devrais être dans leurs rangs, et je m’étonne de n’y pas être. Bref, nous communions tous aujourd’hui dans une bienveillance mutuelle très sincère et, d’ailleurs, très aisée, et dans l’attachement au vénérable et glorieux lycée qui nous a formés. Un peu de musique aidant, j’ose dire que nous sommes, à l’heure qu’il est, virtuellement très bons les uns pour les autres.

Mais après ? Mais demain ?