Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/395

Cette page n’a pas encore été corrigée

suis bien curieux de savoir où cela le mènera…

J’ai nommé Choulette. Voici encore Vivian Bell, Schmoll, Lagrange, Montessuy, le prince Albertinelli, le comte Martin, Garain, Loyer et la « bonne Madame Marmet », aux yeux fureteurs sous ses paisibles bandeaux blancs. Ils sont pittoresques, quelques-uns charmants, tous amusants. Ils vont uniquement à leur plaisir, et l’auteur les absout tous ensemble. La précieuse et grêle et agaçante gaieté d’oiseau de Miss Bell, et les petites images gracieuses qui dansotent perpétuellement dans sa tête frisotée, n’empêchent point cette esthète d’être « très habile à gagner de l’argent » et d’épouser pour son torse un bellâtre italien. M. France les enveloppe tous de son indulgence ironique. Indulgence si souple et si vaste qu’elle va du mépris à la charité, et qu’elle « remplit l’entre-deux ».

Et les paysages, parisiens ou florentins ! Et le style ! C’est un composé plus précieux que le métal de Corinthe. Il s’y trouve du Racine, du Voltaire, du Flaubert, du Renan, et c’est toujours de l’Anatole France. Cet homme a la perfection dans la grâce ; il est l’extrême fleur du génie latin.