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conspirent, quelquefois, les exigences de leurs passions de vingt ans, ceux-là ne se convertissent guère ou, s’ils se convertissent, ce n’est pas à vingt-cinq ans, c’est généralement beaucoup plus tard, et c’est par un simple réveil de sentiments qui, au surplus, n’ont jamais été, chez eux, tout à fait spontanés, mais qu’un enseignement exprès avait déposés dans leurs cœurs d’enfants. Leur retour à la foi peut avoir sa douceur et même son ardeur, mais ce ne saurait être le coup de foudre et l’éblouissement du chemin de Damas. Veuillot, lui, ne retrouve pas la vérité : il la découvre réellement, il la conquiert, et cela, par son propre effort et en plein frémissement de jeunesse. Il ignorait le sens de la vie : un jour, il le connaît. Ce n’est pas un ressouvenir, c’est une révélation. C’est pourquoi sa conversion a tous les caractères du plus fervent enthousiasme.

Il est catholique naïvement, — sans respect humain, cela va sans dire, mais même sans rien de cette retenue, de cette discrétion de bon ton qu’observent volontiers les croyants « d’un certain monde » et qui fait qu’on peut les fréquenter longtemps sans soupçonner qu’ils vont à la messe et qu’ils communient. Sa foi, pénétrant toute son âme, est une foi de tous les instants, et il ne craint pas d’en donner des témoignages familiers. Jusque dans ses articles, mais surtout dans ses lettres et dans ses romans, dans ses recueils de petits contes et de « variétés », il ne rougit point d’avoir le style « dévot », à la fa-