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vers des guirlandes de causeries et d’épisodes dont il est délicieusement fleuri, un drame très simple, très violent, surprenant d’âpreté et de cruauté.

Une jeune femme, de sens exigeants, avait un amant qui la contentait, mais qu’elle avait pris presque au hasard. Un jour elle rencontre un autre homme pour qui elle sent qu’elle est faite et qui lui donnera, elle en est sûre d’avance, des joies supérieures ; bref, « son homme. » Et l’homme sent en lui un avertissement pareil et un désir égal. Elle se donne à lui ; ils s’aiment avec une sombre fureur. Le premier amant vient la trouver ; il veut la reprendre ; il veut la tuer, il la meurtrit de coups de poing, puis s’affale en sanglotant, tandis qu’elle s’échappe le sourire aux lèvres. Cependant le second amant a des soupçons : elle les étouffe sous des baisers enragés. Mais la mauvaise destinée veut qu’il rencontre un soir son prédécesseur. Dès lors, hanté d’une image qui le torture et l’affole, il repousse celle qu’il aime (puisque cela s’appelle aimer). En vain, elle se jette sur lui et « l’enveloppe de baisers, de larmes, de cris, de morsures » ; il s’arrache d’elle en disant : « Je ne vous vois plus seule. Je vois l’autre avec vous, toujours. » Et elle s’en va, désespérée…

Il vous est aisé d’entrevoir par ce résumé fort incomplet, mais non inexact, que ce qui meut et broie ces trois créatures, c’est l’amour sensuel, et ce n’en est point un autre. Ce livre respire la plus âcre volupté. Les étreintes y sont fréquentes et variées