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porte le nom de Shakspeare et que tel entassement de vers lyriques porte celui de Victor Hugo, qu’importe ? Que leurs oeuvres restent étiquetées, par le hasard, de ces syllabes-là plutôt que de celles qui forment les noms de Dupont ou de Durand, qu’est-ce que cela peut faire à ceux qui furent Hugo ou Shakspeare ? Songez qu’Homère n’est peut-être pas le nom de l’auteur de l’Iliade, et dès lors qu’est-ce que la gloire du chantre d’Achille ? J’ai l’air de développer gravement un truisme. C’est que je le trouve consolant pour les humbles. Du moment que « tout est vanité », il est excellent que tout soit vanité pour tous les hommes. Ce sont les exceptions à cette loi-là qui seraient affreuses.

Or, pour en revenir à l’auteur de Bel Ami, sans doute la gloire de son oeuvre sera de longue durée ; mais nous voyons que pour lui, la jouissance n’en aura même pas été viagère. Qu’a été, pendant dix-huit mois, pour Maupassant dément, la gloire de Maupassant ?

… Vous vous rappelez l’effet que produisirent, il y a dix ans, Boule-de-Suif, la Maison Tellier, Mademoiselle Fifi, et les autres petits récits dont ces chefs-d’œuvre étaient accompagnés. Cela parut nouveau ; et c’était nouveau, en effet. Mais en quoi ? C’était, au fond, excessivement brutal : des histoires de filles, de paysans rapaces, de lâches et grotesques bourgeois ; les « faits-divers » d’une humanité élémentaire et toute en instincts. La