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tement son retour à Dieu, de la séduction du péché encore tout proche, des mauvais souvenirs encore tout chauds dans le sang de ses veines. Comment ? Comme il le devait : par la prière, la confession, la communion, par la pratique obstinée de ce mystique « abêtissez-vous » de Pascal, dont il a donné (Mélanges, I) le plus pénétrant, le plus admirable commentaire.

Une des grandes sottises de ses ennemis fut assurément de l’avoir traité de tartufe. Cela ne vaut pas la peine d’être réfuté, pour peu qu’on ait lu Veuillot et que l’on sache lire. Sa conversion eut pour premier effet de lui faire payer ses dettes :

… Sais-tu jusqu’où vont les agréables restes de mon beau passé ?

Sais-tu ce qui me reste de tous mes essais de plaisirs, de mes rages, de mes colères, de tant de pleurs versés et de temps perdu ? Je viens d’en faire le calcul : 5 000 francs de dettes, dont 1 000 francs pressent et devraient être déjà payés. Des dettes oubliées se sont réveillées au fond de ma conscience, et ma conversion n’eût-elle produit que cela, nous devrions tous la bénir. (Lettres à son frère.)

Il se mit à être un très scrupuleux honnête homme. Il s’occupa tendrement de son frère cadet, fit des livres pour constituer à ses deux soeurs une petite dot, ne se maria que lorsqu’elles furent pourvues. Très aimé et employé de M. Guizot, secrétaire, en Algérie, du maréchal Bugeaud, il ne tenait qu’à lui d’avoir une grande situation dans la presse