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langue dit un jour : « Oui, c’est bien ainsi que ce pauvre un tel aurait voulu être pleuré. »

Il y a celles qui étaient au moins égales, par l’esprit et le talent, au mari qu’elles pleurent, et qui, tant qu’il vécut, se sont tues, se sont cachées, ont suivi ses succès, du fond de leur retraite volontaire, comme des mères indulgentes. Le veuvage, la médiocrité de situation qui a suivi, les ont fait sortir, malgré elles, de ce charitable effacement. Elles se sont mises à écrire à leur tour ; et la grâce la plus aisée, l’expérience la plus fine et la plus clémente, le spiritualisme le plus délicat ornent leurs récits ; et c’est en ajoutant au meilleur de ce qu’il passait pour représenter qu’elles gardent le nom dont elles sont dépositaires.

Il y a celles dont le défunt n’eut qu’une célébrité viagère, bruyante peut-être à son heure, mais d’ordre subalterne, et qui nous étonnent par le faste de leur culte, car nous ne savons déjà plus de quoi elles se souviennent.

Il y a celles, ô mon bon maître Renan, qui meurent quelques mois après leur compagnon, tout simplement. Et nous ne pouvons exiger, je l’avoue, que toutes soient ainsi.

Il y a les frères veufs, dont le mort avait du talent, et qui en ont aussi peut-être, mais qui, pouvant tranquillement jouir d’une gloire indivise, ont voulu, par leurs productions personnelles, nous mettre à même de dégager de l’œuvre commune l’ap-