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incendies de la Commune. Enfin, je ne vous donne pas cet homme pour une âme hésitante et douce ; et, au surplus, ce serait l’offenser que de trop plaider pour lui les circonstances atténuantes.) — Quelques années après, il démolit une statue de la République. — Un peu plus tard, ayant réfléchi, il met sa main dans celle de Gambetta.

Maigre, élégant, les pommettes saillantes, les yeux clairs et froids, un peu du nez de Condé, la voix forte et comme bourdonnante, toute sa personne exprime une farouche énergie. On sent qu’il dut être un extraordinaire entraîneur d’hommes. Très dur pour lui-même, strict avec les officiers, il était bon pour les soldats, d’une bonté protégeante d’aristocrate. Vous trouverez sa chromolithographie dans quantité de bureaux de tabac de village ; et là, les receveurs buralistes, vieux médaillés, vous diront ce qu’il fut, ce qu’il obtenait de ses hommes, vivant près d’eux, couchant avec eux sur la paille, refusant le lit des bourgeois.

Né pour la guerre, — et pour la guerre d’autrefois, celle qui était vraiment une profession et où la bravoure individuelle avait souvent le premier rôle, — il eut une joie frénétique de vivre, commune chez ceux dont le métier est de donner la mort et de la mépriser. Ici, l’image d’Épinal déroulerait la légende de sa vie civile : les Tuileries, Compiègne, duels, enlèvements, folies… Et une dernière vignette nous montrerait, la soixantaine venue,