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partie du travail secret qui s’accomplissait dans les demi-ténèbres des Revues jeunes.

Il a été des premiers à discréditer le naturalisme morose, en le poussant à la charge. Il a, je ne dis point inventé (car nous avions eu Richepin et, avant Richepin, Alfred Delvau), mais rajeuni et propagé le naturalisme macabre et farce par les chansons de Jules Jouy et d’Aristide Bruant. Il a révélé aux gens riches et aux belles madames la « poésie » des escarpes et de leurs compagnes, les boulevards extérieurs, les « fortifs » et Saint-Lazare, et ce que c’est que « pante », que « marmite », que « surin », que « daron, daronne et petit-salé… »

Et, en même temps, le Chat-Noir contribuait au « réveil de l’idéalisme ». Il était mystique, avec le génial paysagiste et découpeur d’ombres Henri Rivière. L’orbe lumineux de son guignol fut un œil-de-boeuf ouvert sur l’invisible. Mais, au surplus, le conciliant félin nous a appris que le mysticisme se pouvait allier, très naturellement, à la plus vive gaillardise et à la sensualité la plus grecque. N’est-ce pas, Maurice Donnay ?

Au fond, le digne Chat resta gaulois et classique. Il eut du bon sens. Quand il choisit Francisque Sarcey pour son oncle, ce ne fut point ironie pure. Quelques-uns des Schaunards de cette bohème tempérée furent ornés des palmes académiques. Le Chat eut l’honneur d’être loué un jour sous la coupole de l’Institut. Il tenait à l’opinion du Temps et du Jour-