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cessé d’écrire, il proclama qu’il était urgent d’inventer le « roman romanesque ». Et il l’inventa. « Cette chaise était libre, dit-il, je m’en suis emparé. » Et M. Dumas, bonhomme, répondit : « Asseyez-vous donc. »

Et M. Prévost se mit à cuisiner des romans, — romanesques si l’on veut (je ne pense pas que lui-même tienne beaucoup à cette étiquette), — disons simplement des romans d’amour, où je vois bien qu’il y a moins de gros mots que dans les livres de M. Zola, mais où je doute parfois qu’il y ait plus de chasteté.

Toujours adroit et lucide, M. Marcel Prévost tira un excellent parti des enseignements qu’il avait reçus chez les Pères de la rue des Postes, de sa connaissance sérieuse de la morale chrétienne, — connaissance qui n’abonde pas chez nos écrivains, — et, spécialement, de l’exacte notion qu’il avait du « péché ».

Son premier roman, le Scorpion, est remarquable par de très justes descriptions de la vie d’un grand collège ecclésiastique et des formes particulières que peut prendre l’incontinence chez un jeune clerc. — Dans Mademoiselle Jaufre, qui est peut-être son meilleur ouvrage, il développe une sorte de corollaire du mot de saint Paul sur la « loi » qui « fait le péché », et, nous contant l’histoire d’une fille élevée selon la nature par un père à théories, il montre comment, à cette âme primitive, c’est le péché qui