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vie-là et celle que mènent, à l’autre bout de la société, les « joyeux » et les « joyeuses » des boulevards extérieurs, qui sont des oisifs, eux aussi, mais moins polis, et pressés de nécessités qui ne leur permettent pas d’être inoffensifs.

Flirt exprime avec une tranquillité terrible l’immensité de la niaiserie et du néant des mondains. C’est, parmi des élégances et des plaisirs stupéfiants à force d’être conventionnels, l’histoire d’un adultère « décent », accablant de nigauderie, d’insincérité, de banalité, de nullité. La sensation du vide intellectuel va jusqu’au vertige.

Mais, le « monde » étant, au fond, un libre harem épars, dissimulé, inavoué (songez, par exemple, à la nécessaire signification du décolletage des femmes), le vernis de la vie dite élégante doit forcément recouvrir de sourdes brutalités. M. Paul Hervieu nous les révèle dans Peints par eux-mêmes, ce quasi chef-d’œuvre. Il ne s’agit pas seulement ici, comme dans les romans d’Octave Feuillet, de passions tragiques, de violents drames raciniens, « distingués » quand même, mais de sensualité toute crue, de vices, de vilenies déshonorantes, de crimes, de « faits-divers » de forte saveur. Escroquerie, avortement, chantage, suicide avant les gendarmes, amours effrénées, de même essence que celles qui finissent, dans les bouges ou sur les « fortifs », par un coup de surin : c’est de quoi se compose l’aventure du brillant Le Hinglé et de l’exquise Mme de Trémeur. Cer-