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sait la magie enveloppante, le catholicisme s’imposa à son esprit comme la seule explication permanente et complète du monde et de la vie ; il y reconnut la vraie panacée de l’universelle misère, le salut de l’ignorante humanité. L’enchantement spirituel de ses sens acheva la transformation de son cœur : il eut d’ineffables attendrissements, il pleura dans les églises. Dans nulle conversion il n’y eut plus d’amour.


IV

La vérité connue et embrassée, il ne la lâcha plus. Catholique, il voulut vivre pleinement en catholique. Cela n’alla pas d’abord tout seul. Le « vieil homme » résistait. Le nouveau converti eut quelques mois de profonde angoisse : il regrettait ce qu’il voulait quitter. Il écrivait à son frère (Corresp., I, p. 25) :

Je suis horriblement triste, et du vieux fonds que tu me connais, et de ce qui s’ajoute chaque jour, et enfin de la peur que me fait éprouver ce continuel accroissement, quand je viens à y songer.

Il dit encore ceci, que l’on sent être très vrai :

C’est justement depuis ce moment-là (celui de sa conversion définitive) que je souffre le plus. Le combat a réellement commencé à l’acte qui devait le finir : ce qui était clair à mon esprit devient douteux ; ce que j’ai abandonné avec le plus de facilité me devient cher.