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EUGÈNE MELCHIOR DE VOGÜÉ

Une de ses caractéristiques, c’est d’être un auteur à « considérations »,[1] de ne pouvoir écrire trois lignes sans « s’élever » à des idées générales.

Ces idées ne sont jamais insignifiantes. Cosmopolite par la culture, avec de belles parties d’esprit philosophique, M. de Vogüé, ayant beaucoup vu, peut beaucoup comparer et, par suite, beaucoup abstraire.

Ces idées sont, presque toujours, majestueusement tristes. Depuis dix ans, M. de Vogüé nous parle, presque sans interruption, du malaise de nos âmes. Il a repris, avec quelques variantes, la chanson de 1830. Je crois que ce malaise, il l’éprouve pour son compte. Intelligence haute et mélancolique, — mélancolique d’être haute, et haute pour les mêmes raisons qui la font mélancolique, — il ne paraît pas d’aplomb dans sa vie. Il a un peu l’air d’un exilé, et cela de diverses façons.

  1. Nos plus grands prosateurs sont des auteurs à considérations. Faut-il ajouter que tout ceci est écrit, comme disait Renan, cum grano salis ? Du moins j’y ai tâché.