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maîtresse, M. Brunetière a trouvé la théorie de l’« évolution des genres ». Son sens historique devait l’y amener : car le darwinisme, c’est — provisoirement — le vrai nom de l’histoire, c’est l’histoire même.

Il a étudié les « genres littéraires » un peu de la même façon que Taine étudiait les écrivains. Et il lui est arrivé, comme à Taine, d’être dupe des métaphores. Les genres littéraires sont devenus, dans son système, un je ne sais quoi d’organique, qui vivrait indépendamment des oeuvres particulières et des cerveaux où elles ont été conçues ; abstractions végétatives, qui ont des troncs et qui poussent des branches ; entités réalisées à la manière scolastique. Les « genres » seuls existent ; les oeuvres, très peu ; la personne des écrivains, moins encore.

Ainsi M. Brunetière a pu, l’an dernier, à propos de l’évolution de la poésie lyrique, parler de Musset sans presque mentionner ses comédies, où est pourtant tout Musset. C’est que, l’année précédente, il avait parlé, à propos de l’évolution du genre dramatique, de ces mêmes comédies, qui pourtant sont à peine du théâtre. Musset lui-même s’évanouit : son nom ne désigne plus que le passage accidentel, à travers un cerveau, de deux « genres littéraires » à une certaine minute du développement de ces deux plantes…

La logique de M. Brunetière est ardemment combative. Il parle toujours contre quelqu’un. Il a la démonstration menaçante. Au moment où il nous