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généralisations les plus impérieuses. — Sa philosophie se retrouve, dramatisée, dans le roman naturaliste ; et l’on sait que le roman naturaliste lui faisait horreur.

Pour avoir trop vu dans l’histoire la bestialité humaine, il avait fini par avoir peur des hommes. Dans ses dernières années, sa sympathie était évidente pour des doctrines dont la sienne était la négation radicale, et pour les vertus mêmes que sa philosophie était le plus propre à décourager.

Cet homme d’une si intransigeante audace de pensée était devenu énergiquement « conservateur ». (Le fut-il pour les mêmes affreuses raisons que Hobbes ? On ne sait.) Et non seulement il refusa des obsèques civiles qui, seules, eussent été sincères, mais il ne se laissa point enterrer simplement selon le rite de sa religion natale, ce qui n’aurait eu, dans l’espèce, qu’une très faible signification : il demanda — ou accepta — des funérailles protestantes. Je n’ai jamais senti plus grande mélancolie intellectuelle qu’à cette mensongère cérémonie.

Mais cela n’a point aboli son œuvre écrite. Hippolyte Taine fut un de nos maîtres. La période positiviste de notre littérature, — celle qui commença vers 1855 et que nous voyons s’achever, — garde très profondément son empreinte.

On ne découvre des vérités neuves que par de grands partis pris qui entraînent tout autant d’erreurs. Qu’importe ? Les vérités restent. Taine est