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tats moroses, quels que soient le pays ou le temps qu’il étudie. Car il remonte toujours, par l’analyse, à des causes qui se confondent avec l’instinct animal. Et c’est ainsi qu’il a vu l’ancien régime et la Révolution également tristes et haïssables. Décomposés de la même façon, le moyen âge et l’antiquité lui eussent non moins sûrement paru hideux. La beauté même du siècle de Périclès, si Taine avait pu dépouiller les archives athéniennes, n’eût pas résisté à cette opération. Toute la destinée de l’humanité se résume pour lui dans le sombre tableau que trace Thomas Graindorge pour l’instruction de son neveu. (Les petits lapins, les gros éléphants… vous vous rappelez ?)

Il déforme les faits par cela seul qu’il les coordonne sans les connaître tous. Il est très peu évolutionniste, puisque sa mécanique prétend exclure le mystère et qu’il y a du mystère dans l’« évolution ». Il oublie le flottant, le vague, l’imprécision, la fuite et la transformation des choses. Il immobilise le réel pour l’observer : donc ce qu’il observe n’est déjà plus le réel. Assurément, les institutions jacobines et napoléoniennes sont artificielles et oppressives ; mais, en quatre-vingt-dix ans, n’ont-elles pu modifier le peuple qu’elles enserrent dans leurs cadres et lui faire une autre nature ? Saurions-nous revenir, au régime de la décentralisation et des petites associations libres ?

Peut-être y a-t-il un rapport secret entre les con-