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impitoyable qui ne l’aimait pas, elle ne s’apercevait point que son fils Charles, dont elle ne se souciait guère, l’aimait, lui, de tout son cœur, et que c’était un garçon tout simplement délicieux.

Voilà, selon moi, l’originale aventure de Mme de Sévigné. Pour le reste, il n’y a qu’un point par où elle dépasse un peu l’alignement intellectuel et sentimental des gens de son temps. Je veux parler de son goût pour la campagne, autre fruit de ses solitudes forcées de veuve. Autant que La Fontaine, elle aime la nature et sait en jouir ; mieux que lui peut-être, et par de plus neufs assemblages de mots (« la feuille qui chante »), elle en rend l’impression directe, celle qui suit immédiatement la sensation elle-même. Aïeule des chroniqueurs, elle est quelque chose aussi aux écrivains impressionnistes.

Et je vous prie, en finissant, d’être persuadés que j’ai la plus vive affection pour cette grosse mère-la-joie, — qui fut à certaines minutes, je le crois, une mère de douleur.