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fidences personnelles — toutes les chroniques qu’on fait encore. On citait la Lettre du cheval, la Lettre de la prairie, la Lettre de la mort de Turenne, la Lettre de la mort de Vatel… Et l’on se demandait : « Avez-vous lu la dernière lettre de Mme  de Sévigné ? comme sous l’empire : « Avez-vous lu la dernière chronique de Villemot, de Scholl ou de Rochefort ? »

Elle était « naturelle », c’est entendu. Autrement dit, elle avait naturellement le style échauffé, fringant, excessif, de trop de mouvement, de trop de gestes, de trop de bruit, par lequel se définit justement « le brillant chroniqueur ».

Je vous confesserai que, souvent, cet entrain m’assourdit et me bouscule ; j’ai envie de demander grâce. Mais on ne saurait nier qu’elle eut l’imagination puissante et drôle. Et puis, celle-là savait sa langue.

Pour le fond, elle avait un bon cœur, du bon sens et un esprit, je ne dirai pas moyen, mais en exacte harmonie avec son milieu et sans presque rien qui le dépassât. Je la crois moins intelligente que l’équivoque Maintenon et que la fine et ironique La Fayette.

Elle élève sa fille déplorablement, la dresse à s’adorer elle-même, la nourrit des plus sottes idées de grandeur.

Son jugement n’est jamais indépendant ni inventif. Il va sans dire qu’elle glorifie la révocation de l’édit de Nantes. Elle n’a, sur les « penderies » de Bretagne, qu’un mot de pitié rapide et quelques