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MADAME DE SÉVIGNÉ

Mme de Sévigné est la patronne charmante des chroniqueurs de journaux.

Cela pourrait se prouver sans trop solliciter les faits. Du jour où elle commença à écrire, elle sut qu’on se montrait ses lettres, qu’on les copiait, qu’on les collectionnait ; bref, qu’elle avait un public. Public composé, non point de cent mille lecteurs quotidiens, mais de cinquante ou de cent personnes riches, nobles, distinguées, cultivées, oisives. Qu’importe ? Plus ou moins sciemment, elle écrivit pour ce public de choix : d’où, peu à peu, un rien de marque professionnelle. Elle devenait une « épistolière », c’est-à-dire une chroniqueuse. Elle faisait la chronique de la cour, la chronique de la ville, la chronique de la littérature et du théâtre, la chronique de la province, la chronique de la campagne, la chronique des villes d’eaux, la chronique de la guerre, la chronique des crimes célèbres, la chronique de la mode, la chronique familière et de con-