déplu à Louis XIV. S’il en mourut, il eut tort ; mais il ne craignit pas en effet de déplaire. On est d’accord aujourd’hui pour croire au récit de son fils Louis, à ce Mémoire sur la misère du peuple, confié par Racine à Mme de Maintenon. Au fait, on le voit, dans toute sa correspondance des vingt dernières années, très libéral et aumônier, d’ailleurs fort simple de mœurs. Les paysans de Port-Royal s’adressaient à lui pour leurs affaires. Il était grand ami de Vauban. Quand il écrivait ce vers :
Entre le pauvre et vous vous prendrez Dieu pour juge,
il en concevait tout le sens.
Il fut un père de famille adorable. Il éleva toute une nichée de colombes : Marie, Nanette, Babet, Fanchon, Madelon. Marie, novice aux Carmélites à seize ans, rentra à la maison, finit par se marier : âme ardente et tourmentée, tantôt à Dieu, tantôt au monde. Nanette fut Ursuline ; Babet aussi, après la mort de son père ; Fanchon et Madelon moururent filles, assez jeunes encore et tout embaumées de piété et de bonnes oeuvres… Racine sanglotait à la vêture de ses deux aînées, quoiqu’il sût bien que, par les leçons dont il les avait nourries, il était sans le vouloir le vrai prêtre de ce sacrifice…
Ainsi, l’auteur de Bajazet et de Phèdre, le plus savant peintre des plus démentes amours terrestres, — continuant toujours d’aimer, mais d’autre façon,