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Ce qui me touche, c’est que la consommation de ce sacrifice inouï laissa en lui des faiblesses. Il ne veut plus travailler pour le monde : mais un jour il commence, avec Boileau, l’opéra de Phaéton pour Mme  de Montespan. Je crois qu’il lui fut très agréable d’écrire Esther et Athalie, parce qu’il les écrivait pour des jeunes filles. Une fois, aux répétitions d’Esther, on le surprend tamponnant avec son mouchoir les yeux d’une de ses innocentes et jolies interprètes, que ses critiques avaient fait pleurer.

Mais, peu à peu, il s’épure. Ses lettres à son ami Boileau, à son fils Jean-Baptiste, d’une simplicité si vraie, respirent la plus rare beauté morale ; et quelle tendresse on devine sous cette forme prudente et contenue, imposée par la « politesse » du temps et par la pudeur chrétienne ! À la fin d’une lettre à Boileau, il fait cet aveu : « Plus je vois décroître le nombre de mes amis, plus je deviens sensible au peu qui m’en reste. Et il me semble, à vous parler franchement, qu’il ne me reste presque plus que vous. Adieu. Je crains de m’attendrir follement en m’arrêtant trop sur cette réflexion. »

Ses ennemis l’accusaient d’être trop bon courtisan. Et pourtant il restait publiquement l’ami des jansénistes persécutés. De bonne heure il s’abstint, par scrupule religieux, lorsqu’il était à la cour, d’aller à l’Opéra et à la Comédie… Seulement, voilà ! il avait l’imprudence d’aimer le roi.

Les méchants ont raconté qu’il mourut d’avoir