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La Fontaine dans les Amours de Psyché : « Eh bien ! nous pleurerons. Voilà un grand mal pour nous ! »

Son enfance est d’un Éliacin élevé dans l’ombre du sanctuaire par de saints hommes très graves et très naïfs. Il était « le petit Racine de M. Antoine Lemaître ». Pieux comme un ange, romanesque déjà, jusqu’à apprendre par cœur Théagène et Chariclée, très sensible à la beauté de la terre et du ciel : les sept Odes sur Port-Royal sont des paysages d’une forme puérile mais d’une émotion vraie. Il continua, au témoignage de La Fontaine, « d’aimer extrêmement les jardins, les fleurs, les ombrages », et c’est lui qui retient ses amis pour assister aux féeries du soleil couchant.

Son adolescence est gentille, badine, un peu frondeuse, — inquiète de l’amour. Chez son oncle le chanoine, à Uzès, dans ce Midi encore espagnol, il fait cette remarque : « Vous savez qu’en ce pays-ci on ne voit guère d’amour médiocre ; toutes les passions y sont démesurées. » Peut-être se souviendra-t-il de ces Hermione et de ces Roxane à foulard rouge.

Entre vingt-cinq et trente-sept ans, il mord tant qu’il peut aux fruits de la vie : vaniteux, irritable, ingrat même, sensuel, tout proche de la débauche (vous vous rappelez ces soupers dont parle Mme  de Sévigné : « ce sont des diableries »)… et tout cela ensemble ne veut pas dire méchant. C’est durant cette période qu’il écrit ses tragédies, si douces et