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RACINE

Nous sommes en train de l’aimer beaucoup. Sa vie est vraiment « humaine », toute pleine de belles larmes, et de faiblesse, et d’héroïsme. Elle ressemble en quelque façon, — si vous écartez la diversité des apparences, — à la vie de la sainte courtisane Thaïs, qui eut une enfance pieuse, qui ensuite s’abandonna au désordre, mais en gardant le souci de la beauté et de la bonté, et qui enfin se reposa des autres amours dans le seul amour qui ne trompe pas, — puisque, s’il trompe, nous n’en saurons jamais rien.

C’est cette figure d’une femme d’amour devenue sainte que je placerais sur le tombeau de Racine, dans le cimetière idéal des grands poètes. Elle serait chaste et drapée à petits plis. Et, sur la pierre funèbre, je graverais en beaux caractères le mot de Mme  de Sévigné : « Il aime Dieu comme il aimait ses maîtresses » ; le mot de Mme  de Maintenon : « Racine, qui veut pleurer, viendra à la profession de sœur Lalie », et le mot de Racine lui-même, recueilli par