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le veuf et sa jeune amie sentent entre eux ce cadavre. Rosmer reste désemparé entre la foi qu’il n’a plus et celle que Rébecca a voulu lui communiquer. L’aventurière elle-même est prise de doute et de découragement… Et, enfin, tous deux se noient au même endroit de la rivière où leur victime a cherché la mort.

Dans Hedda Gabler, Hedda a épousé un brave homme banal, qu’elle méprise. Elle retrouve, momentanément corrigé de son ivrognerie et de sa crapule, une espèce de bohème de génie, Eilert, qui lui a jadis fait la cour. Elle veut le reprendre, car un de ses rêves est de « peser sur une destinée humaine ». Mais, auparavant, elle veut s’assurer qu’Eilert est devenu digne d’elle. L’épreuve échoue pitoyablement. Sur quoi Hedda, ne pouvant décidément supporter la disproportion qu’il y a entre sa destinée et son âme, se tue d’un coup de revolver.

Dans la Dame de la mer, Ellida, mariée au docteur Wangel, pour qui elle a de l’amitié et de l’estime, mais qui est de vingt-cinq ou trente ans plus âgé qu’elle, aime un marin, un pilote, un personnage mystérieux et vague, qui vient de temps en temps la visiter. Elle s’en confesse à son vieux mari loyalement, Wangel lui dit : « Je te rends ta liberté ; suis l’Étranger, si tu veux. » Mais, du moment qu’Ellida est libre, le charme est rompu. « Jamais, dit-elle à son mari je ne te quitterai après ce que tu as fait. » Wangel s’étonne : « Mais cet idéal, cet